Les réparations ont commencé chez Stellantis. Dans le cadre d’une campagne de rappel chiffré à un milliard d’euros, l’entreprise va ces prochains jours remplacer à domicile les airbags défaillants des concernés, comme Jade, 20 ans. A Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, celle-ci n’osait plus utiliser sa petite DS3 grise. « On a peur ! Tu ne roules pas normalement, car tu sais qu’à tout moment ça peut exploser », explique la jeune femme devant la maison familiale.
De quoi inquiéter également sa mère, Hélène : « A chaque fois qu’elle conduisait, je lui disais de faire attention, sur les dos-d’âne, et d’éviter de taper un autre véhicule ». Stellantis leur a envoyé une première lettre recommandée en janvier, et une deuxième en juin leur disant de ne plus conduire la DS tant que son airbag ne serait pas remplacé. Début juillet, la marque a fini par lui proposer une réparation à domicile, dans le cadre d’une opération lancée autour de Marseille.
« Huit à dix voitures par jour »
Chez Jade et Hélène, le technicien de la concession Stellantis, Mathéo, donne un coup de klaxon pour tester le volant de la DS, où se cache l’airbag du conducteur. Il débranche la batterie pour éviter un déclenchement intempestif du coussin d’air, le change, et passe côté passager, où il faut démonter une partie de la planche de bord pour accéder au coussin d’air. « Ça prend une grosse demi-heure pour changer les deux airbags », explique Mathéo. « On peut faire huit à dix voitures par jour ».
Les airbags du fabricant japonais Takata (qui a fait faillite entre-temps) secouent l’automobile depuis 2014 : ils ont causé plusieurs décès en projetant des pièces dangereuses, à cause d’un gaz qui vieillit mal dans les climats chauds et humides. 530.000 DS3 et Citroën C3 vendues entre 2009 et 2019 en Europe et au Maghreb sont concernées, dont 246.000 en France. 67.000 véhicules ont été réparés en concession ou sont en attente, et 120.000 clients doivent encore être recontactés, indique Stellantis. 80.000 clients n’ont pas répondu.
Plusieurs marques concernées
« Je n’en veux pas à Citroën », souligne Hélène Morvan, soulagée. « Il y a d’autres marques concernées. Mais ça aurait pu être réglé bien avant ». Volkswagen, Nissan ou Toyota ont encore lancé récemment des campagnes de rappel concernant des airbags Takata, mais sans incitation à arrêter de conduire.
En attendant, de nombreux clients reprochent à Stellantis de les laisser à pied. Six d’entre eux ont déposé lundi une plainte pour des chefs de « mise en danger de la vie d’autrui, de tromperie et de pratiques commerciales trompeuses », ont indiqué leurs avocats. Ils demandent notamment des compensations financières.
Certains véhicules remplacés en attendant
Maryse-Hélène Malroux, une juriste qui anime un groupe Facebook de clients mécontents, raconte avoir menacé sa concession d’une plainte pour « non-assistance à personne en danger », avant d’obtenir une Fiat 500 électrique de remplacement pour son fils. Elle attend maintenant que le véhicule soit réparé avant son départ en vacances. « Je trouve ça déplorable d’en être là, à faire un bras de fer », regrette-t-elle. « Cette gestion de crise mériterait un mauvais film hollywoodien ».
A Vitrolles, Stellantis a rassemblé 1.000 véhicules de démonstration ou d’occasion pour dépanner ses clients. Trois autres parcs ont été ouverts à Lyon, Toulouse et Bordeaux, en plus des véhicules en concessions, pour un total de 35.500 voitures disponibles. Renée, 71 ans, s’est vue proposer une berline DS5 pour remplacer sa petite C3. « J’ai rappelé 106 fois le numéro (de Stellantis) et j’ai reçu un mail pour venir chercher un véhicule. Mais elle est automatique et très grosse ! J’ai paniqué », témoigne la retraitée en attendant un nouveau véhicule.