A l’occasion du match contre Tremblay ce vendredi 28 mars, au FDI Stadium, le MHB célèbre les 30 ans du premier titre de champion de France remporté par l’équipe dirigée par Patrice Canayer et dont le capitaine était Fred Anquetil et tout s’est joué sur un dernier match face à l’OM–Vitrolles.
Frederic Anquetil est arrivé au Montpellier Handball en 1989, comme joueur, capitaine et il est toujours là, entraineur adjoint de la N1, composée essentiellement des jeunes du centre de formation, le réservoir des PROS. Fred, le frère de Greg, l’ailier de génie et fantasque de Montpellier et de l’Equipe de France. Et un titre le premier titre du club en 1995 qu’ils ont gagné ensemble avec cette équipe » de tarés » dompté par le tout jeune entraineur Patrice Canayer et dont lui Fred Anquetil était le capitaine.
Entretien avec Frederic Anquetil
Ici Hérault: on reparle et on revoit des images en ce moment du premier titre de Montpellier et vous vous en gardez quoi ?
Fred Anquetil : Ca fait un petit moment ….. mais il y a des petits souvenirs qui reviennent. Et puis il y a eu tellement d’autres titres mais on se dit qu’on était peut être un peu précurseurs du truc. C’était la première grosse compétition, la première belle équipe, et puis les premières joies et les premiers titres. Je suis très fier de ce moment là.
Ici Hérault : un premier titre qui se joue au finish sur un dernier match à Bougnol.
Fred Anquetil : La saison avait été tellement parfaite qu’on aurait pu la plier avant ce dernier match. Mais on a voulu faire un peu plaisir à nos supporters ! Non, je déconne. On aurait pu être champions une journée avant et on s’est fait très peur. ça s’est joué contre la plus belle équipe à mon avis, du championnat.( l’om Vitrolles, double champion de France avec des grands joueurs.(Volle Richardson ..).Pour être champions, il ne fallait pas perdre et on a été jusqu’au bout puisqu’on a fait un match nul 19-19.
Ici Hérault : avec une incroyable passe ratée de l’ailier de l’om Vitrolles qui leur coute la victoire.
Fred Anquetil : C’est vrai le match est quand même historique parce que l’on le jouait dix fois on le perdait dix fois ! Là, ils ont pensé qu’on allait craquer, on n’a pas craqué. Le scénario est complètement dingue parce qu’à 2O secondes de la fin du match on est à trois contre six et c’est impossible de perdre ce ballon comme l’ailier de l’om l’a fait. Ça montre qu’il y avait quand même un état d’esprit. On voulait rien lâcher. On s’est battu comme des charognards. On ne leur a pas laissé le truc. Nous on l’a pris et tant pis pour eux. Enfin, je suis dur, mais c’était un état d’esprit quoi. C’est représentatif quand même de cette équipe qui se battait, qui était solidaire et qui donnait tout, tout pour pour ne rien regretter.
Ici Hérault : qu’est ce qu’elle avait de particulier cette équipe ?
Fred Anquetil : c’était un amalgame de gens plutôt posés et beaucoup de « tarés » à l’entraînement peut être un peu plus en dehors que sur le terrain, mais c’était un certain équilibre entre des buteurs, des défenseurs, des chanteurs, des mecs qui parlaient, on chantait aussi bien qu’on jouait ! C’est un peu l’image que j’en garderai. Il nous a quand même fallu un monsieur Canayer qui a été capable de réguler, de mettre à plat tout ça pour que ce soit fonctionnel.
Ici Hérault : 30 ans, ce n’est pas si vieux que ça mais on a l’impression que c’était vraiment une autre époque quand même.
Frederic Anquetil : Ouais, c’était il y a longtemps. Les règles n’étaient pas les mêmes. Le handball n’était pas pareil, il était moins rapide. Quand je regarde la vidéo qui ressort beaucoup en ce moment, on se dit qu’on était forts à ce moment là, On serait ridicules maintenant. Mais il fallait le faire quand même. Il y avait quand même du rapport de force. Il y avait les règles un peu plus lax, ça veut dire qu’il fallait donner plus son corps à la science et il y avait la même volonté de gagner et surtout de donner beaucoup un aux gens qui venaient nous voir.
Ici Hérault : C’ était l’équipe des Frères Anquetil, il y avait de la complicité , de la concurrence entre vous ?
Fred Anquetil : J’étais capitaine mais j’étais plutôt dans le travail. Greg était plutôt dans le côté un peu théâtral du truc. C’est un gaucher. Il est un peu tordu aussi lui, mais il était déjà un grand joueur, pas forcément inné, s’il a fait l’équipe de France avec tous ses titres, c’est qu’il était déjà très très fort. Mais il y avait une bonne complémentarité entre le grand et le petit frère. Et je pense que pendant quelques temps, ça a bien fonctionné jusqu’au moment où on est obligé de lâcher et tout le monde disait qu’on ne fonctionnait qu’à deux, qu’on ne savait pas jouer autrement . Et ben regardez Greg, Il a réussi. Mais il est vrai que forcément, on était un peu à la base de tout. On arrivait d’une autre région, on essayait d’amener un peu du sang normand dans cette équipe sudiste, mais ça a bien fonctionné et je suis fier de notre parcours et surtout du sien.
Ici Hérault: Et 36 ans après vous êtes toujours là !
Fred Anquetil : j’ai tellement pris de plaisir. J’arrive de Normandie, on m’a accueilli ici, j’ai fait mes preuves. On a créé un truc avec Jean-Paul ( Lacombe), avec tous les présidents qui sont passés après, avec Patrice( Canayer). Je suis tombé amoureux du club, de ce qu’il produit, de ce qu’on a dégagé, des titres. Et j’ai été tellement ravi de vivre ces quinze années de terrain que je me suis dit que je pouvais pas en rester là. Je ne pouvais pas laisser le club comme ça et j’ai voulu transmettre. Je pensais que j’avais certaines qualités à transmettre ces choses là aux jeunes, si je peux transmettre ça et que les gamins puissent vivre ce que j’ai vécu. Quinze ans ! C’est ce bonheur de travailler, de se lever pour aller faire une chose qu’on adore, c’est fabuleux. Les générations passent, les entraîneurs passent, les dirigeants passent et le public change. Les règles changent. Mais voilà, c’est mon club. Je le remercie tellement de m’avoir accueilli que je transmets et j’essaye de fabriquer du Fred du Greg au quotidien.
Ici Hérault :Et de l’Arthur, votre fils qui joue à Chambéry et la saison prochaine à l’USAM de Nîmes. Sacré dilemme quand il y aura des MHB-USAM.
Frederic Anquetil : Il jouait déjà Chambéry, donc à chaque fois qu’il y a Montpellier-Chambé, on est dans la même situation. Je lui ai dit moi je veux que Montpelier gagne mais que tu marques quinze buts. J’aimerais qu’il fasse une belle prestation contre Montpellier en sachant qu’il a fait toute sa formation à Montpellier. Il a voulu aller voir ailleurs et ça lui va bien. Alors, je suis très fier de mon minot. Je suis très fier de mon club et que le meilleur gagne forcément!