Qu’attendez-vous du discours de politique générale du Premier ministre ?
Nous sommes le premier groupe parlementaire de l’Assemblée qui a gagné 54 députés et avons face à nous un gouvernement qu’on ne soutient pas et qui n’a pas la majorité. Il doit donc être respectueux des oppositions. Onze millions de Français ont voté pour nous, on prend notre mission au sérieux. On est fidèles à nos promesses de campagne. On a des lignes rouges. On ne veut pas de loi qui aggrave l’insécurité et le laxisme judiciaire. On attend des projets de loi sur les peines plancher et un autre sur la double peine pour les délinquants étrangers.
Bruno Retailleau, le ministre LR de l’Intérieur, a fait des déclarations en ce sens…
Il a fait des déclarations viriles, il parle comme nous, mais sa majorité est composée de LR et de macronistes. Leurs noces se sont faites au grand jour. Il est donc aussi comptable de leurs discours. Il demande un référendum sur l’immigration, mais il faut agir et vite. Sur la fiscalité, pas question non plus de taxer une nouvelle fois le travail. On est champions d’Europe de la fiscalité. Il ne s’agit pas d’en rajouter pour les Français et on sera particulièrement vigilants.
Irez-vous jusqu’à voter une motion de censure ?
Le discours sera le plus consensuel possible. Mais dans les mois à venir, s’il y a une ligne rouge dépassée, oui, on n’hésitera pas à censurer. De même que si ça va dans le bon sens, on votera pour. On ne fait pas la politique du pire. Mais on ne sera jamais les marchepieds du macronisme. Censurer par principe dès le début n’a aucun sens en ce sens.
D’autant que censurer et avoir le chaos ne vous arrange pas au moment où un procès s’est ouvert contre le RN…
Il faut bien que le gouvernement reste en place pour montrer ce dont il est capable. Il faut être sérieux. On n’est pas des clowns. Quant au procès, il ne nous perturbe pas. Marine Le Pen est très sereine et détendue. On pose simplement la question du rôle d’un collaborateur politique.
Les juges jugeront. Et vous, vous jugerez le Premier ministre sur pièces ?
On écoutera et on jugera les actes. On a bloqué des ministres qu’on a considérés comme dangereux pour le pays. De même, on bloquera des projets de loi qui nous semblent dangereux. Par contre, on surveillera la façon dont sera accueillie notre niche parlementaire où on cherchera à corriger l’injustice de la réforme des retraites. Avec 143 députés (en comptant les 17 ciottistes, NDLR) on peut éviter le pire et pousser ce qui nous paraît bon. Nous aurons une vraie influence. On verra avec la gauche s’ils nous suivront ou si le sectarisme l’emportera sur les convictions.