Il était là en septembre 2023, il revient en août 2024. Le cirque franco-belge s’est installé sur la place de l’Abattoir, dans le quartier de Cronenbourg, à Strasbourg (Bas-Rhin) il y a quelques jours. La mairie l’a constaté, ce dimanche, et a aussitôt dégainé un communiqué : « cette occupation de l’espace public s’est faite sans autorisation délivrée par la collectivité« , assure la ville. Et c’est bien là le problème : les circassiens se sont installés sans l’aval de la mairie de Strasbourg, malgré des négociations il y a plusieurs mois.
Un flou juridique
France Bleu Alsace a donc demandé à la mairie s’il y avait bien eu autorisation, « il n’est pas autorisé à être sur la place de l’Abattoir« , répond Pierre Ozenne, adjoint au maire. Il y a-t-il eu interdiction ? « Il n’est pas autorisé« , répète Pierre Ozenne. Et c’est bien là le cœur du problème : les spectacles de cirque avec des animaux sauvages ne sont pas encore interdits par la loi française, ce sera le cas en 2028. Jacques Muller, le propriétaire du cirque, le répète à l’envi : « un maire ne peut pas s’opposer à la venue d’un cirque puisque la loi nous l’autorise, donc il n’y a aucune interdiction pour le moment pour les animaux de cirque dans toutes les villes de France« , relate-t-il. Malgré la non-autorisation de la mairie, il s’est donc installé profitant du flou juridique sur le sujet. « Monsieur Muller profite d’une situation, en effet« , estime Pierre Ozenne.
Et Jacques Muller compte bien rester sur la place de l’abattoir jusqu’au 25 août, date de la dernière représentation prévue. La ville pourrait valider un arrêté pour expulser le cirque, mais s’exposerait à aller au tribunal administratif. « Un maire qui fait un arrêté, c’est illégal, lance Jacques Muller. Et nous sommes obligés, après, de porter plainte contre ce maire qui ferait un arrêté. Ça nous est déjà arrivé contre la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a été condamné à nous verser une somme et d’annuler son arrêté. » La mairie de Strasbourg compte passer par un autre moyen : « désormais, il est soumis à des astreintes financières, dans la mesure où il y a une occupation illicite du domaine public, à titre commercial, explique Pierre Ozenne. Donc, tous les jours, tant qu’il n’aura pas déménagé, cette astreinte augmentera jour après jour. Il y a un constat qui est fait journalement sur l’emprise qu’il occupe. La deuxième chose, c’est qu’en fonction de l’occupation qu’il a, nous n’excluons pas d’autres recours, notamment au titre des animaux qui sont présents, par rapport aux soins qui sont portés, par exemple.«
Pas une première pour le cirque franco-belge
Le cirque franco-belge s’était déja installé à Strasbourg en septembre 2023, sur le parking d’un magasin Intersport. À l’époque, le directeur du magasin expliquait à France Bleu Alsace, « on n’a donné aucune autorisation pour l’implantation de ce cirque. Le directeur ne s’est jamais présenté comme un responsable de cirque, il a parlé d’un stand de maquillage et de déguisement pour les enfants » , estimait Alexandre Polge. Plus récemment, le cirque franco-belge s’est installé à Chalezeule (Doubs), dans la banlieue de Besançon en juillet dernier, « ce cirque s’est installé en toute illégalité, je l’ai appris par la gendarmerie », expliquait le maire à nos confrères de France Bleu Besançon. Même situation vécue dans plusieurs villes de France comme à Vitrolles, dans la banlieue de Marseille en novembre 2021, à Osny (Val-de-Marne), en août 2022, à Chelles (Seine-et-Marne) en mars 2019, à Villebon-sur-Yvette (Essonne) en août 2019, aux Ulis (Essonne) en janvier 2023, à Sens (Yonne) en janvier 2020, ou encore à Vaulx-en-Velin (Rhône) en mai dernier.