De cette édition 2024 du Jardin Sonore, tout le monde n’attendait que ce moment. Bien entendu, Archive, Marc Rebillet ou encore Louise Attaque furent de beaux noms ajoutés au palmarès du festival vitrollais, qui a rassemblé tant d’étoiles cette année encore. Mais ce samedi soir, le domaine de Fontblanche s’est transformé en un mini Marseille bouillant, avec toute la ferveur d’un virage du Vel’.
Car les stars de cette édition 2024, c’étaient bien les artistes de la Fonky Family. Dont l’annonce du concert, sept ans après avoir renversé le festival Marsatac, avait déchaîné les passions : les billets pour ce rendez-vous vitrollais s’étaient vendus en à peine dix jours en décembre dernier.
C’est dire si les rappeurs avaient une attente énorme sur les épaules, illustrée trente minutes avant leur arrivée sur scène par des chants à la gloire de l’OM. Un engouement sur lequel ils surfaient dès leur entrée sur scène, avec le classique Cherche pas à comprendre, sur lequel le groupe décrivait les galères de la rue, tout en défendant les conditions de vie des sans-abri.
Un premier message adressé à la classe politique, dont les oreilles allaient, sans surprise, siffler sous les platanes de Fontblanche. Car la FF, c’est avant tout un cri du cœur contre le pouvoir et le système, illustré par un biscuit musical : Dans la légende, très certainement son ultime chanson anti-État, introduite par un « soyons unis plus qu’en haut lieu. » Un regard acide sur la récente séquence politique en France, dont le RN est ressorti vainqueur dès le premier tour dans la circonscription incluant Vitrolles.
Mais la commune où les scores du front républicain furent plus qu’honorables au soir du 30 juin, le titre Marginale musique avait une résonance particulière, avec sa punchline « personne nous représente alors on le fait nous-mêmes« . Tout comme Aux absents, une ode dédiée à « tous les gens enfermés, tous les gens aux yeux fermés« , pour un appel à ouvrir les yeux sur les conditions de vie d’une partie « silencieuse » de la population.
Sept ans après leur dernière prestation, au festival Marsatac, et malgré une apparition éclair lors du show de Redouane Bougheraba à l’Orange Vélodrome, personne ne pouvait imaginer le show de la FF à Vitrolles. Pour les 7 000 fans présents samedi soir, une seule déception subsistait : tous auraient voulu prolonger l’heure et quinze minutes de show, tant le Rat Luciano, Don Choa, Sat l’Artificier, Menzo et DJ Djel ont montré qu’ils avaient encore beaucoup à donner aux spectateurs.
Ces derniers étaient comme habités dès les premières notes de Sans Rémission, deuxième morceau entonné par le groupe. Et que dire de l’hystérie collective sur Si je les avais écoutés, quand Don Choa débitait un flow incroyable, à grande vitesse ? Une manière d’amener en beauté un « section, nique tout » entonné collectivement sur l’air de Still D.R.E., signée Dr. Dre, renvoyant aux inspirations américaines de la FF.
Dont les plus grands tubes ont résonné pour sublimer cette dernière soirée du 7e Jardin Sonore. Bad Boys de Marseille, Haute tension, Petit bordel, puis Mystère & Suspense, prolongée de quelques minutes par les mots de Djel : « Merci pour cet amour depuis toutes ces années. La FF c’est nous, la FF c’est vous ! » Avant le feu d’artifice sur le rappel que tout le monde attendait : Art de rue, dans une ambiance sans scandale, mais où les danses de vandale furent les reines.