« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », affirmait dans son Traité élémentaire de chimie Antoine Lavoisier, en 1789. Quelque 235 ans après cette révolution des esprits, les Pépiteurs réécrivent l’adage à leur manière, à leur matière aussi. Les Pépiteurs, kézako ? Il s’agit de la marque commerciale de la filiale métaux d’Orion Group, créée début 2023 dans les Alpes-Maritimes (Villeneuve-Loubet) par Pierre Ippolito, Thomas et Jimmy Humphreys, incarnant la branche environnement/énergie du groupe Ippolito.
« L’envie de s’associer dans ce projet a été d’autant plus motivée par notre amitié de longue date avec Pierre », confie Jimmy, « sachant que nous partageons chacun à la fois une appétence et une expérience dans l’environnement. Cette 5e branche, aux côtés de l’automobile, du tourisme, de l’immobilier, de l’industrie, s’inscrit dans une suite logique du maillage des activités ».
Ainsi, Orion Métaux exploite des comptoirs d’achat de métaux (cuivre, PVC, laiton, aluminium, inox, zinc, plomb, batterie au plomb…), et se démarque par cette identification jeune, racontant une histoire tout en avançant pour la façonner. Les Pépiteurs, c’est un nom facile à retenir, donnant l’impression de la connaître depuis longtemps, compréhensible, qui intrigue aussi. Pratique quand on veut développer un business 100 % serviciel, avec un parcours client digitalisé visant à faciliter la vie de tous sur le marché des métaux ferreux et non ferreux, auprès de professionnels et de particuliers. Nombre de métiers de l’industrie et du bâtiment sont concernés par l’offre de rachat, en premier lieu par apport volontaire au sein des comptoirs appelés « mines ». « L’idée est d’être la mine du 21e siècle. On recherche les déchets, on les transforme et cela se recycle dans des nouveaux matériaux », revendique fièrement Jimmy.
La boucle est vertueuse, nous sommes au cœur de l’économie circulaire », en l’occurrence à Vitrolles, dans la ZI des Estroublans, premier site opérationnel depuis septembre 2023 (un second comptoir ouvrira prochainement à Aix-en-Provence).
L’équipe de sept personnes pour le moment, dirigée par les frères Humphreys, travaille, conjointement à sa montée en puissance, sa légitimité à prendre la parole, à occuper l’espace, à porter les sujets à bras le corps. C’est dans son ADN !
Accompagner le changement
Si le plus gros client des Pépiteurs est évidemment, pour le moment, le groupe Ippolito, dont ils gèrent 100 % des déchets, l’ambition est de diversifier la clientèle, ce qui n’est pas une gageure au regard des besoins et des solutions qui passent très vite de l’utile à l’indispensable face à la raréfaction des ressources fossiles. Dans ce contexte de pionniers des temps modernes, la pédagogie « maison » n’est pas la moindre des attentions particulières déployées à la mine.
« Peser devant les clients, leur expliquer comment bien trier les matériaux en vue de les valoriser, est dans leur intérêt en même temps que dans le nôtre. De même que développer des solutions de collectes chez eux à l’aide de bacs de stockage. Nous sommes tous gagnants ».
L’expertise métier fait la différence, la connaissance fine des problématiques d’exploitation également. La volonté d’accompagner le changement est augmentée par celle de transparence et par la nécessité de fournir des indicateurs légaux aux clients qui ont besoin de se conformer à la loi sur le traitement de leurs déchets. Y compris pour répondre aux appels d’offres. Il s’agit de leur permettre de diminuer les coûts et de maximiser les recettes sur les matériaux. La mine d’avantages ne se résume pas à l’installation d’une benne à ferraille, elle se définit, s’organise, se valorise et se partage.
Créer une communauté
Pour créer une communauté de « pépiteurs », l’enjeu est, parallèlement, de mailler le territoire, de raccourcir les distances et d’évoluer en circuits courts. Pas question de « plomber » le bilan carbone sur les routes. Le concept plaît, à des entreprises de toutes tailles, dont des grands groupes. Sans s’enflammer, en réinventant le modèle existant et en se réinventant si nécessaire à dessein de ne jamais s’installer dans une zone de confort ; l’objectif de la société est de croître dans la région, car le marché (régulièrement benchmarké) est large et ouvert. Le souhait est de déployer des mines de proximité pouvant traiter 300 à 500 tonnes par an, s’appuyant sur deux à trois personnes par entité selon le plan d’embauches envisagé. Le challenge ressources humaines n’est pas le moindre des défis, considérant les plages horaires très étendues, 5 jours sur 7, et 6 jours sur 7 à la rentrée de septembre.
Tout est en place pour que les déchets d’aujourd’hui deviennent les matières premières de demain, à condition que l’économie circulaire bien ordonnée commence par soi-même.