Elle s’appellera « Notre Énergie Vitrolles » et vise à développer un modèle pionnier en France, à cette échelle, de production et de consommation d’énergie partagée, associant une communauté de citoyens, d’entreprises et la mairie de Vitrolles, avec l’appui du groupement porté par SerenySun et Watteos.
Loïc Gachon, le maire de la commune, a signé ce 10 mars le contrat de concession sur 30 ans avec les deux sociétés lauréates de son appel d’offres. À charge maintenant de convaincre, sur le territoire, tous ceux — publics ou privés — potentiellement intéressés à s’y impliquer, en accueillant chez eux l’une des 25 centrales photovoltaïques appelées à être déployées dans les prochaines années (soit 26 000 m² de surface solarisée) pour générer une capacité de 6 MWc.
L’initiative représentera près de 8 GWh d’électricité renouvelable par an, l’équivalent de la consommation électrique annuelle, hors chauffage, de plus de 2 000 foyers. L’idée est d’équiper des bâtiments municipaux, des toitures, des bassins et des ombrières de parking, pour couvrir 29 % des besoins de la ville et parvenir à une valorisation de 90 % de l’électricité produite.
Mais ce sera un chemin de patience, comme l’ont énoncé les acteurs impliqués en présentant le mode de fonctionnement de leur accord.
Vitrolles mise sur une communauté énergétique pour accélérer la transition solaire
« Ce projet découle d’une longue histoire », confie Loïc Gachon, « qui nous a amenés à nous interroger et à étudier pourquoi Vitrolles était en retard sur l’équipement photovoltaïque dans le résidentiel ou les entreprises. »
Du côté des ménages, se posait un problème de capacité d’emprunt pour investir dans des panneaux. Et du côté des entreprises, les propriétaires des bâtiments, susceptibles d’équiper les toitures ou les parkings, n’étaient pas forcément enclins à investir sur des sites qu’ils n’exploitent pas. Quant à leurs exploitants, qui voudraient le faire pour économiser sur leur facture énergétique, ils ne possèdent pas les murs.
Comme les bâtiments municipaux n’étaient pas non plus dotés de panneaux, la mairie a mobilisé ses services pour chercher une solution conciliant différents intérêts. La « communauté énergétique » est devenue une piste. Elle fut longue à finaliser, jusqu’au choix des concessionnaires.
SerenySun, qui a déjà mis en œuvre à Cabriès un projet collectif similaire sur un écoquartier, est apparu comme un interlocuteur crédible. Watteos, filiale de Sowen Group (Mauguio, 34), étant, de son côté, spécialisé dans l’ingénierie, la construction et l’exploitation de projets territoriaux d’énergies renouvelables en France.
Enedis est également impliqué. « Cette démarche répond aux valeurs que nous portons de proximité et d’égalité de traitement entre les usagers que nous desservons », souligne le délégué territorial, Sylvain Gendre.
SerenySun et Watteos lancent un projet solaire d’envergure pour les collectivités
Il a fallu cinq ans de rencontres et d’études, indique Donald François, fondateur et président de SerenySun, car nous voulions un projet d’envergure de transition énergétique, fondé sur des valeurs partagées. Notre raison d’être est d’encourager une production d’énergie au plus près des besoins de consommation pour redonner du pouvoir aux territoires et aux collectivités. À Vitrolles, nous serons dans le circuit court dans tous les sens du terme. C’est une innovation majeure, la plus grande de ce type en France, qui doit devenir un modèle de référence. »
Pour le directeur général de Watteos, la communauté énergétique recèle une vertu pédagogique, favorisant une production et une consommation d’énergie plus responsables de la part de ceux qui s’y impliquent.
« Elle a aussi le mérite de faire office de « complément de tampon » pour lisser les coûts de l’énergie face aux fluctuations mondiales et aux crises. Le prix est fixé pour 30 ans, offrant ainsi une visibilité sur un avenir à la fois proche et lointain. »
Transition énergétique : quand débuteront les travaux des centrales solaires à Vitrolles ?
Les principes posés, comment va se dérouler, sur le plan opérationnel, le déploiement des centrales ?
Les 12 à 18 prochains mois seront consacrés aux études de conception, aux autorisations administratives et à l’identification des foyers et entreprises désireux de rejoindre la communauté énergétique, afin d’espérer entamer les premiers travaux en 2026.
Dans la phase de réflexion du projet, environ 200 ménages et une vingtaine de sociétés s’étaient, selon le maire, déclarés potentiellement intéressés. Il faut désormais vérifier si l’intention se transforme en engagement concret, maintenant que « l’idée complexe est devenue un projet réel », indique Loïc Gachon, déterminé à promouvoir « le jeu d’une solidarité territoriale pour une performance globale, pas une trajectoire cosmétique ».
Des réunions publiques exposeront les modalités de participation. Pour la municipalité, il estime le bénéfice attendu à 40 000 euros dans un premier temps, « mais il est appelé à faire des petits dans trois, cinq ou dix ans », selon l’évolution du marché de l’énergie.
Il estime que la Ville, seule, n’aurait pas pu porter financièrement et techniquement un tel dossier. Elle s’est fait appuyer par le cabinet juridique LLC et le cabinet d’études Julhiet Sterwen.
« La concession sert d’élément-cadre pour la viabilité économique du projet », précise-t-il.
Vitrolles : un projet solaire à grande échelle avec un potentiel de 18 MWc
Le groupement dispose de 11 millions d’euros pour construire les 25 centrales à Vitrolles.
« Nous considérons qu’avec l’engagement des entreprises sur des toitures ou des parkings, nous pouvons doubler la puissance de 6 MWc. Nous aurons des solutions à proposer », confie Donald François, non sans rêver d’approcher le potentiel estimé de 18 MWc si le dispositif fonctionne à plein auprès des citoyens et du tissu économique.
« Nous chercherons clairement la réplicabilité du modèle, même si chaque territoire a sa vérité. Vitrolles sert de point d’ancrage pour générer un effet de taille nécessaire à sa mise en œuvre », ajoute Albin Garrigue.
Les deux partenaires admettent « une part d’inconnues » quant au volume que prendra la communauté énergétique, qui se raccordera aux quatre boucles de production et d’autoconsommation collectives qui seront aménagées, chacune sur 2 km (deux autres pourraient être réalisées en complément à terme avec la solarisation des sites privés).
Ils s’attendent même à un « goulot d’étranglement » si une multitude de candidatures devait se manifester au début.
Mais tous les participants ont bien conscience d’un impératif pour que ce « gros défi à piloter », sous forme de concession longue durée, ne reste pas le seul de cette envergure dans la région et en France : « ne pas être déceptifs ».