A 47 ans, Ali Maolida est diplômé d’une licence de physique-chimie. Il découvre le béton en 2002 au sein du laboratoire du CEBTP de Vitrolles, avant de « faire ses gammes » avec l’ingénieur Alain Revel (Ginger CEBTP). « Ma passion pour le béton n’était pas prévue », raconte Ali Maolida, « cette expérience a allumé une flamme en moi qui continue de briller intensément ». En 2004, il découvre la préfabrication béton chez Bonna Sabla à l’usine de Conflans Sainte Honorine (78), tout d’abord en tant que technicien R&D sur développement du Ductal (le béton ultra haute performance de Lafarge) avec Simon Lebourgeois un ancien du Cerib (actuellement directeur technique de Low concret et technologies et ingénieur qualité chez Géomatério). Puis il intègre le laboratoire de l’usine en tant que technicien de laboratoire pour le suivi des bétons et des essais de la norme NF des produits d’assainissement. Son directeur de l’époque Jean-Marc Monier (Directeur technique Francecom Prefac) lui confie le suivi des bétons pour un gros chantier de dalles filtrantes sous l’aile du spécialiste du béton du groupe à l’époque Bernard Guilherme, pour qu’il acquiert de l’expérience avec une personne expérimentée et de terrain. A la suite d’un plan social, il est muté à l’usine de Lamanon en tant que responsable qualité et du laboratoire de l’usine grâce à l’appui du directeur du site Patrick Mazzacane (Président PM BFUP Conseils), où il continue à faire le suivi des bétons sur les produits d’assainissement, en plus des produits de génie civil. Au bout de dix ans, souhaitant partager ses connaissances sur un matériau « aux possibilités infinies », il quitte son poste et travaille pour Méditerranée Préfabrication, une filiale de Vinci, en tant que centraliste BFUP et contrôleur qualité. Par la suite, il travaille sur un chantier à l’étranger avec Razel Bec en Côte d’Ivoire, en tant que responsable de la centrale à béton et du laboratoire, « une expérience brève mais très enrichissante sur le plan humain ». De retour en France, il aide Laurent Santi, un ancien commercial chez Lafarge granulat, et José Morin, directeur du groupe Morin spécialisé dans la démolition, à monter deux centrales à béton pour le groupe Morin. Suite à la séparation des deux associés, il reste avec José Morin en tant que responsable d’exploitation de sa centrale de Miramas, qu’il a par la suite vendue au groupe Sylvestre béton.
« Beaucoup de sociétés utilisent le béton mais ne le connaissent pas ! »
Après son départ de Sylvestre béton, il a l’idée de mettre ses connaissances du béton au service des professionnels du BTP. « Au fil de mes expériences, j’ai constaté que beaucoup des sociétés qui utilisaient le béton ne le connaissaient pas », explique-t-il, « sans parler de la complexité des règlementations, des nouvelles contraintes environnementales, et de l’apparition de nouveaux bétons ». Il y a un an, il se lance sur le marché pour former et conseiller sur les formulations et procédés, afin de maîtriser le béton de manière durable. « Mon objectif est d’aider les industriels du BTP à tirer le meilleur parti de ce matériau avec lequel ils travaillent tous les jours et d’avoir un impact positif sur notre planète », précise Ali, « je sais aussi que le béton est souvent critiqué pour son impact environnemental. C’est pourquoi je veux utiliser mes connaissances et mon expertise pour le rendre plus respectueux de notre planète et de sa biodiversité car c’est grâce à ce matériau que j’ai fait la rencontre de personnes extraordinaires dans ma vie professionnel et personnel ». Les normes relatives au béton sont constituées d’un ensemble de textes, incluant des normes européennes et des recommandations techniques françaises, qui visent à assurer une cohérence et une homogénéité dans leur application. Cela couvre divers aspects tels que le dimensionnement des ouvrages, les constituants du béton, les procédures de contrôle de production, et les critères de conformité. « L’ajout des nouvelles réglementations environnementales rendent le béton de plus en plus technique surtout avec l’arrivée de matériaux recyclés, biosourcés et géosourcés », souligne Ali, « si vous ne comprenez pas les mécanismes de fabrication du béton, vous ne pourrez pas appréhender de manière sereine l’arrivée de ses nouveaux bétons. Mon objectif est d’aider les entreprises à optimiser leur utilisation du béton avec la formulation, engendrant des économies de matériaux et de coûts car l’argent reste le nerf de la guerre. Naturellement, ses solutions vont diminuer les émissions de CO2, un enjeu majeur face à l’importante empreinte carbone de l’industrie du béton. Cela passe par l’usage de matériaux respectueux de l’environnement disponible localement. Par ailleurs, ma maîtrise des réglementations environnementales permettra aux entreprises de rester dans le cadre légal et d’éviter d’éventuelles sanctions. De plus, je peux proposer des formations afin de renforcer leurs compétences sur le matériau béton, pour pouvoir faire face aux changements réglementaires et aux nouvelles techniques ». « Le béton est souvent connoté de manière négative en France car il est pour beaucoup le symbole de l’urbanisation à outrance et de la dégradation du paysage urbain comme les grands immeubles des quartiers défavorisés », ajoute-t-il, « or dans des pays comme le Japon, il est élevé au rang d’art par certains architectes comme Tandao Ando, ou encore en Afrique où il est synonyme d’élévation sociale et de richesse. Il reste encore en France des défenseurs du béton. Et Rudy Ricciotti en est un l’exemple, pour qui « c’est un matériau économique, écologique, et par son implication dans la chaîne travail, c’est un matériau social ».
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