Dans le collège Henri Bosco de Vitrolles, l’éducation ressemble à une partie d’échecs. Le rectorat, qui joue seul, déplace ses pions en vain. Le 9 janvier dernier, la direction académique des services de l’Éducation nationale mutait la principale adjointe au collège Camille-Claudel pour y remplacer la principale, en arrêt maladie. « Depuis, les conseillères principales d’éducation (CPE) assurent les missions de l’adjointe et les professeurs principaux celles des CPE, témoigne un enseignant qui souhaite garder l’anonymat. Il y a du dépassement de fonction qui peut marcher sur un court temps mais pas sur trois mois et qui use les personnels. Ça entraîne une fatigue et une désorganisation du service à tous les niveaux. On pensait que ça n’allait durer qu’un temps, qu’on allait être dépannés, mais le rectorat a refusé de remplacer le poste malgré nos demandes répétées. » Résultat : des conseils de classes annulés et des rencontres parents-professeurs non assurées.
Mais alors que les personnels encadrants se mettent en grève et les enseignants se mobilisent pour une journée « collège mort », ce jeudi 4 avril, la principale adjointe fait son retour au collège Henri-Bosco. « C’est d’une violence dingue : non seulement elle perd en grade, mais en plus, elle est obligée de lâcher des dossiers de harcèlement qu’elle suivait depuis plusieurs mois au sein de Claudel… C’est inacceptable », dénonce Christophe Merlino, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves des Bouches-du-Rhône (FCPE 13).
Un poste de CPE supprimé à la rentrée
Mais la rentrée 2024 inquiète aussi l’équipe éducative. Alors qu’elle s’était battue pendant deux années pour l’obtention d’un CPE supplémentaire, elle se retrouvera de nouveau avec un poste l’an prochain. « Les nouveaux établissements et cités scolaires ont besoin de moyens, donc on les retire quelque part pour les donner ailleurs, résume la fonctionnaire concernée, qui préfère garder l’anonymat. Il n’y a aucune création de poste. Une seule CPE pour 750 élèves, ce n’est pas possible, on ne peut pas faire d’accompagnement ou de prévention. » Arrivée en début d’année, la CPE stagiaire du collège abonde : « Avec ces effectifs, en cas de conflit, on ne gère que la surface. On met des pansements sans traiter le fond, donc ça gangrène. » Le personnel demande le remplacement du poste et la création d’un temps plein de surveillant.