Marseille, Aix, Rognac, Vitrolles, Fos… Faudra-t-il attendre encore quinze ans pour un RER

, Marseille, Aix, Rognac, Vitrolles, Fos… Faudra-t-il attendre encore quinze ans pour un RER

En bon prestidigitateur de chiffres, Emmanuel Macron a de nouveau bluffé les élus locaux la semaine dernière. Sauf qu’ils en sont restés frustrés. En annonçant, au sortir du Conseil de planification écologique, une enveloppe de 700 millions d’euros pour les futurs RER métropolitains dans une dizaine d’agglomérations, dont Aix-Marseille et Nice, le président de la République a semblé court.

« Le compte n’y est pas« , s’est étranglé Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. En Aquitaine, le député écologiste Nicolas Thierry a fait un rapide calcul : « Coût estimé du seul RER métropolitain bordelais : 680 millions d’euros« . En Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean-Pierre Serrus, le vice-président de la Région chargé des Transports, réclame aussi de la transparence. « Le modèle actuel de financement doit évoluer. L’État nous parle de 700 millions là où tout le monde parle de 15 milliards. On a besoin de savoir. On ne peut pas payer seuls« .

« Plusieurs décennies qu’on nous assure d’un maillage entre Toulon, Aix et Marseille »

Comme souvent, c’est Clément Beaune qui s’est chargé de déminer. Au congrès des Régions, jeudi à Saint-Malo, le ministre des Transports a rappelé que les chiffres avancés par Emmanuel Macron correspondent à « une première phase d’investissements. On estime que, si on veut faire entre dix et quinze projets, il faut à peu près 10 milliards d’euros« . La valse des additions reste incertaine, mais elle indique que quelque chose est bien enclenché.

Déjà parti à Strasbourg, où il a dû freiner pour des questions de signalisation, le RER rebaptisé Serm (Service express régional métropolitain), pour y intégrer l’idée de services, est synonyme d’impatiences. Et pour cause. « Cela fait plusieurs décennies qu’on nous assure d’un maillage entre Toulon, Aix et Marseille qui correspondrait aux besoins des usagers, soupire Gilles Marcel, président de l’association Noster Paca. Les constats sont partagés sur la saturation des routes et ses conséquences en termes de pollution et de santé. Les infrastructures existent pour rouvrir des petites lignes et les mailler. Mais on a l’impression d’un dialogue de sourds avec les collectivités. Surtout, nous sommes inquiets des délais« .

Nouvelle gare souterraine d’ici 2037 à Saint-Charles

Car relancer un réseau métropolitain, avec des lignes doublées entre Marseille et Aix, un tronçon entre Aix et Rognac, via le pôle d’attractivité des Milles, puis se dirigeant d’un côté vers Vitrolles, noyau de 26 000 salariés, de l’autre vers Miramas et Fos, où les projets industriels se multiplient sans transports, demande du temps. Surtout, il s’inscrit, aux yeux de l’État, dans une vision incluant la ligne nouvelle TGV vers Nice. Et donc la reconfiguration du cul-de-sac de Saint-Charles en gare souterraine et traversante. « On va changer de dimension avec une gare souterraine qui permettra de dégager des voies en surface pour le RER« , explique Karim Touati, directeur de SNCF réseau dans la région. Or, cette gare ne doit pas voir le jour avant 2037.

Lorsqu’il est venu signer, à Marseille, le nouveau contrat de plan État-Région, Clément Beaune a ainsi évoqué « les pièces d’un puzzle beaucoup plus large. Ce contrat est un emblème qui vient s’ajouter aux investissements sur la future ligne à grande vitesse jusqu’à Nice et au plan Marseille en grand d’un milliard d’euros sur les mobilités. On parle là du désenclavement des quartiers nord de Marseille, une priorité du président de la République« .

« On peut faire des choses avant que Saint-Charles soit terminée »

Dans les associations d’usagers, on entend, mais on estime qu’on pourrait avancer sur des réaménagements de voie ou l’installation de haltes ferroviaires « sans attendre le grand soir« . Les députés poussent, au premier rang desquels Jean-Marc Zulesi, président (Renaissance) de la commission Développement durable à l’Assemblée. En juin, il a fait adopter un texte organisant juridiquement les Serm. Et confiant à la Société des grands projets, créée sur le modèle du Grand Paris, le soin de travailler sur ces lignes intermédiaires. « On peut faire des choses avant que Saint-Charles soit terminée, estime Jean-Pierre Serrus à la Région. Mais il faut tout penser ensemble« .

En attendant, tous pensent à « l’intermodalité« . À savoir des connexions en trains, bus, vélos et cars. Pour les usagers, des parcours facilités. Mais ce n’est pas encore ce qu’ils attendent.

Restez connecté à votre région à partir de 1 € !


Je m’abonne à 1 €*

1€ le premier mois puis 11,90€/mois sans engagement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *