Une vraie scène de crime. Le 31 octobre dernier, le commissariat de Vitrolles a été sollicité par les pompiers vers 3h40 du matin pour annoncer qu’une femme venait d’être poignardée par son compagnon. Les pompiers s’étaient rendus sur place et lorsqu’ils avaient frappé à la porte, c’est Reda qui avait répondu.
Étonnamment calme, Reda sentait fortement l’alcool et présentait de nombreuses taches de sang sur le corps et sur ses vêtements. Les pompiers avaient immédiatement déduit qu’il s’agissait probablement de l’auteur des coups.
À l’intérieur de l’appartement, l’atmosphère inquiétante, mêlée à un désordre ambiant et une forte odeur de cannabis, ne les avait pas plus rassurés.
Une blessure de 8 cm de profondeur
De nombreuses traces et traînées de sang jonchaient le sol de la cuisine, le salon, la chambre, la salle de bains. La victime, au sol, présentait plusieurs blessures aux cuisses, dont une plus importante, de 8 cm de profondeur et 3 cm de longueur, à proximité de l’artère fémorale.
Sans savoir si un organe vital avait été touché, le médecin du Smur avait engagé un premier temps son pronostic vital, avant de la faire évacuer vers l’hôpital nord de Marseille.
Les seuls mots que la jeune femme avait prononcés se résumaient à désigner Reda comme auteur du coup de couteau.
Selon l’enquête de voisinage, les disputes éclataient souvent au sein de cet appartement où vivait la jeune femme, pas toujours avec le même homme. Elle était en couple depuis sept mois avec Reda, âgé de 39 ans. Ce dernier évoque une altercation qui aurait débuté dans le salon.
Elle le soupçonnant de l’avoir trompée avec son ex durant le week-end. Il lui aurait alors tendu le téléphone pour l’appeler, être fixée. Ce qu’elle avait fait. C’est là que les versions divergent, lui rapportant que l’ex aurait nié, elle affirmant qu’elle aurait avoué.
« On s’est violemment disputé. J’ai voulu me calmer dans la chambre, je me suis allongé puis elle est arrivée, avec un couteau, s’est jetée sur moi. C’est en la repoussant, qu’elle est tombée et a dû se blesser avec le couteau. Je l’ai ensuite amenée dans la salle de bains pour lui faire un garrot avec un collant, avant d’appeler les pompiers », assure Reda, jugé mercredi 6 décembre, depuis le box des détenus, mimant le moindre de ses gestes. « Je me questionne sur la crédibilité de se blesser trois fois soi-même, à trois endroits différents, s’interroge le président Rivet. Et le couteau, il est passé où ? » « Je l’ai posé sur l’armoire, vers la salle de bains », affirme Reda. L’arme n’a à ce jour jamais été retrouvée.
24 mois ferme
« Il faut vraiment être désorganisée pour se donner soi-même trois coups de couteau, dont un d’une telle profondeur, à l’arrière de la cuisse », observe l’avocate de la partie civile. Aucun doute non plus pour la procureure qui relève une « version ubuesque » donnée par un homme passé « à côté d’une belle carrière d’acteur ». « Nous sommes face à une tentative de meurtre, à une scène qui aurait pu être fatale. Elle s’est vue mourir ce jour-là », poursuit le ministère public avant de demander 30 mois dont six avec sursis.
Côté défense, Me Favard plaide en faveur de l’accident, non de la légitime défense : « Pensez-vous qu’un homme qui donne un coup de couteau resterait auprès d’elle, lui ferait un garrot et appellerait les pompiers ? » Il demande la relaxe de son client.
Reda est finalement condamné à 24 mois d’emprisonnement ferme, interdiction de détenir une arme pendant 5 ans et d’entrer en contact avec Madame durant 3 ans.