« On a envoyé une trentaine de demandes » : la galère des stages pour élèves de seconde dans les Bouches-du-Rhône

« Mes deux stages, c’est grâce à des connaissances. Sinon, je n’en avais pas. » Ce constat, c’est celui de Rose, élève au lycée Vauvenargues à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Elle a obtenu une semaine de stage à La Provence grâce à son frère, puis une autre au service communication de la mairie. Pour la première fois, quelque 550.000 élèves de seconde en filière générale et technologique vont réaliser deux semaines de stage en entreprise du 17 au 28 juin. Plus de 25.000 jeunes sont concernés dans les Bouches-du-Rhône.

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« Quand on n’a pas de contacts, c’est chaud… »

Devant le lycée, Rose est loin d’être la seule à avoir misé sur ses contacts pour trouver une entreprise prête à l’accueillir. « Je fais une semaine dans un cabinet d’avocat, puis une semaine avec ma mère » lance Albane. Iris, elle, va même passer les deux semaines dans l’entreprise de sa maman, spécialisée en formation sur la sécurité alimentaire. « J’ai envoyé ma demande il y a ultra longtemps, j’ai mis du temps à avoir une réponse, et encore, j’en ai eu une car je connais quelqu’un qui, connaît quelqu’un« , raconte Chloé, qui va passer sept jours au journal Le Monde. « Quand on n’a pas de contacts, c’est chaud« , reconnaît la lycéenne.

Pour les aider dans leurs recherches, le gouvernement a ouvert en novembre la plateforme « 1jeune1solution » qui répertorie plusieurs offres de stages. Au lycée Vauvenargues, elle ne fait pas l’unanimité. « J’y suis allé, il n’y avait plus grand-chose. Uniquement des offres en tant que vendeur ou en magasin, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse vraiment« , constate Louise, qui a trouvé une semaine de stage au sein d’une troupe de théâtre.

Pas de stage ? Deux semaines au lycée pour travailler sur le projet d’orientation

Mais souvent, ces stages obtenus par les parents sont souvent des plans B ou C. « J’ai demandé à des cabinets d’architecture et en communication, mais ils m’ont refusé ou ils ne me répondaient pas », souffle Camille. Elle va finalement faire son stage en pâtisserie, « mais c’est pas du tout ce que je veux faire plus tard ». Des stages prétextes pour éviter de devoir passer les deux semaines prévues en entreprise, au lycée à travailler leur projet d’orientation, comme le prévoit le bulletin officiel.

C’est le problème pointé par la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). « Trouver un stage, c’est pas ce qu’il y a de plus difficile. Maintenant, il faut qu’il soit à la hauteur des ambitions de l’élève, sinon il n’y a pas une grande utilité« , affirme Christophe Merlino, président départemental.

Pour lui, qui a également un élève en seconde au lycée Mendès-France à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), ces stages sont une bonne idée, mais la mesure est encore à améliorer pour qu’ils s’inscrivent pleinement dans le projet d’orientation des lycéens. « Pourquoi ne pas lier ce stage en seconde avec celui en troisième ? Si ce n’est pas dans la même entreprise, au moins dans la même branche dans laquelle le lycéen se projette ?« , propose Christophe Merlino, à la tête de FCPE 13 depuis quatre ans.

Des dates qui se superposent avec celles de la filière professionnelle

Les dates de ces nouveaux stages dans les filières générales et technologiques (du 17 au 28 juin) se superposent avec celles des élèves en bac professionnel. Pour ces derniers aussi, il devient difficile de trouver un stage en juin.

Kylian est élève au lycée La Méditerranée à La Ciotat, en spécialité transition numérique et énergétique. « On a dû envoyer une trentaine de demandes », souffle sa maman, Virginie. « On a passé des appels téléphoniques, envoyé des candidatures spontanées, déposé des CV… J’ai demandé à mes contacts et sur Facebook et je lui ai même créé un profil LinkedIn ! Mais on n’a toujours rien », déplore Virginie, pour qui c’est une « très mauvaise idée » de superposer les stages en filière générale et professionnelle.

« Ça reste compliqué pour tout le monde, surtout que là, les généraux, ont presque les mêmes dates que nous, les pros, donc ça met tout le monde en conflit », soupire Kylian, qui poursuit : « En janvier, j’avais fait un premier stage, et je l’avais trouvé sans problème.« 

Certains n’ont toujours pas de stage

Sur les quinze élèves de sa classe, ils sont quatre à n’avoir pas encore trouvé d’entreprises pour leurs trois semaines de stage (contre deux en filière générale et technologique). « Certains ont des parents qui travaillent dans le domaine de l’électricité ou de l’informatique, donc c’est plus facile pour eux de trouver un stage puisqu’on cherche dans ces secteurs-là, mais pour les autres, c’est la galère » analyse Kylian.

Face à ces difficultés, ces parents craignent que ces stages, qui devaient être l’occasion d’affiner le projet d’orientation des lycéens, ne deviennent inutiles, voire contre-productifs. « Je suis assez inquiète pour Kylian, car ça lui donne une mauvaise image du monde du travail« , confie Virginie. Simple corrélation ou effet de causalité, Kylian souhaite maintenant se réorienter l’année prochaine, et se lancer dans la communication.

Par Aurélien Dufour

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